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JOLLY MAMA – Internet – Plainte fondée

Avis publié le 10 octobre 2025
JOLLY MAMA – 1080/25
Plainte fondée

Le Jury de Déontologie Publicitaire,

rend l’avis suivant :

  1. La plainte

Le Jury de Déontologie Publicitaire a été saisi, le 9 juillet 2025, d’une plainte émanant d’un particulier, tendant à ce qu’il se prononce sur la conformité aux règles déontologiques en vigueur, d’une publicité de la société Jolly Mama, pour promouvoir son offre de compléments alimentaires de marque « Nutrishots fertilité ».

La publicité en cause, diffusée sur le réseau social Facebook, montre l’image du verso d’une carte postale déposée sur du sable, sur laquelle sont apposés les visuels de trois des produits de la marque : un flacon « Multi vitamines grossesse », une barre « Boost magnesium » et un sachet « Nutrishots fertilité ».

Les textes figurant sur la carte postale sont : « Jolly Mama ! », « Un bébé cet été ! », « Jusqu’à -50% », « Jolly days du 25 juin au 13 juillet ».

  1. Les arguments échangés

Le plaignant énonce que ce message « un bébé cet été » induit en erreur le consommateur en suggérant une efficacité certaine et rapide sur une problématique médicale complexe.

De plus, elle cible explicitement des femmes en situation d’infertilité, une condition médicale souvent vécue avec beaucoup de souffrance psychologique, de solitude, et d’angoisse.

Le Code de la consommation interdit formellement les pratiques commerciales qui tirent profit de la vulnérabilité psychologique ou émotionnelle d’une catégorie de consommateurs (article L121-1). Les personnes confrontées à des troubles de la fertilité constituent clairement un public en situation de grande sensibilité, qui mérite protection et honnêteté, non pas une promesse illusoire sans fondement.

De plus, il s’agit de fausses allégations de santé sur des compléments alimentaires et elles sont donc en violation du Règlement (CE), n°1924/2006. Aucun complément alimentaire ne peut garantir « un bébé cet été ».

Cette campagne, qui utilise des termes ou suggestions assimilables à une promesse de fertilité, est donc choquante et traite d’un sujet de santé publique grave.

La société Jolly Mama a été informée, par courriel avec accusé de réception du 12 août 2025, de la plainte dont copie lui a été transmise et des dispositions dont la violation est invoquée.

Elle a été également informée que cette affaire ferait l’objet d’un examen dans le cadre de la procédure simplifiée prévue à l’article 13 du règlement intérieur du Jury.

Ses co-fondatrices font valoir que la société a répondu le jour même à la personne à l’origine du signalement, en vue de clarifier le message qu’elle entendait faire passer par le biais de cette publicité.

Le message incriminé (« Un bébé cet été ») n’avait aucune visée médicale ni l’intention de promettre un résultat certain, mais visait à évoquer l’accompagnement nutritionnel autour des périodes de maternité. Cette publicité éphémère pour les soldes de l’été mettait d’ailleurs en avant trois différents produits, dont un pour la grossesse, un pour soutenir la fertilité et un produit enrichi en magnésium pouvant accompagner les femmes à différents moments de leur vie.

Le complément sur lequel on retrouve le terme “FERTILITÉ” contient du zinc, un nutriment pour lequel l’allégation suivante est autorisée par la réglementation européenne : « Le zinc contribue à une fertilité et une reproduction normales ».

La personne à l’origine du signalement, qui connaissait la marque, a spontanément déclaré être convaincue de l’absence d’intention trompeuse : “Je suis convaincue que telle n’était pas votre intention”.

Pour autant, afin d’éviter toute mauvaise interprétation, la société a retiré immédiatement la publicité de tous ses supports, dès le 9 juillet 2025.

Les responsables de la société ajoutent être pleinement conscientes de la sensibilité du sujet et n’avoir jamais communiqué sur l’efficacité garantie d’un complément alimentaire.

Jolly Mama a à cœur de communiquer le plus fidèlement possible et de soutenir les femmes qu’elle accompagne depuis 2019 dans toutes les étapes de leur maternité.

Depuis ce signalement, plusieurs décisions ont été prises en interne afin de renforcer les mesures de contrôle, notamment la mise en œuvre d’une charte interne, visant à rappeler les règles applicables en la matière et d’un processus de validation avant toute diffusion de publicité, avec l’appui d’un conseil juridique visant à s’assurer du strict respect de la réglementation en vigueur.

  1. L’analyse du Jury

Le Jury rappelle qu’il résulte des dispositions déontologiques, notamment celles contenues dans le code ICC sur la publicité et la communication commerciale que :

« Toutes les communications commerciales doivent être légales, décentes, honnêtes et véridiques.

Toutes les communications commerciales doivent être préparées avec un sens aigu de la responsabilité sociale… »

« … Les communications commerciales ne doivent pas :

sans raison valable, jouer sur la peur ou exploiter le malheur ou la souffrance…»

« Les communications commerciales doivent être structurées de manière à ne pas profiter de la confiance des consommateurs ou à ne pas exploiter leur inexpérience ou leur compréhension limitée.

Les facteurs pertinents susceptibles d’influer sur les décisions des consommateurs doivent être communiqués d’une manière et à un moment qui leur permettent de les prendre en considération de manière efficace.

« Les communications commerciales doivent être véridiques et non trompeuses.

Les communications commerciales ne doivent contenir aucune allégation susceptible d’induire le consommateur en erreur, quelle que soit la manière dont elle est véhiculée – par le texte, le son, les éléments visuels ou toute combinaison de ces éléments – et quelle que soit la manière dont l’effet trompeur se produit – directement ou par implication, omission, ambiguïté ou exagération. La combinaison des éléments utilisés dans une communication commerciale contribue à l’interprétation d’une allégation….»

Le Jury relève que la plainte concerne une publicité de la société Jolly Mama diffusée sur le réseau social Facebook, pour promouvoir des compléments alimentaires de la marque « Nutrishots fertilité » avec en visuel trois produits: un flacon « Multi vitamines grossesse », une barre « Boost magnesium » et un sachet « Nutrishots fertilité » lesquels sont représentés sur une carte postale qui semble déposée dans le sable, et qui comporte aussi les textes suivants « Jolly Mama ! », « Un bébé cet été ! », « Jusqu’à -50% », « Jolly days du 25 juin au 13 juillet ».

Le Jury considère, si on se place du point de vue d’un consommateur moyen, que le sens du  message, même s’il n’est pas tout à fait clair quant au public qu’il cible, parait en revanche faire un lien direct entre certains des compléments alimentaires promus et le fait d’accéder à la maternité.

Le Jury estime que cela résulte à la fois de la référence à la notion de fertilité qui côtoie la mention « Un bébé cet été ! » écrite en gros caractères au milieu de l’espace destinée à l’écriture d’un texte sur une carte postale, lequel sonne avec son point d’exclamation comme une sorte de résultat en forme d’affirmation, proche du slogan. Cette confusion, qui selon la marque n’est pas voulue, est, en revanche, de nature à induire en erreur et donc à inciter à un achat des femmes qui tentent d’avoir un enfant, alors même qu’il s’agit là d’un public vulnérable, certainement captif à l’égard de tout ce qui peut contribuer à nourrir un espoir, particulièrement en cas d’échec, et pouvant être plus facilement abusé, voire même conduit à une surconsommation nocive de compléments alimentaires.

En conséquence, le Jury a pris bonne note du retrait de cette publicité et des efforts allégués par la marque mais il conclut que le message en cause contrevient aux dispositions précitées.

Avis adopté le 12 septembre 2025 par Mme Tomé, Présidente, M. Aparisi, Vice-Président, Mmes Boissier, Charlot et Lenain, ainsi que MM. Le Gouvello, Lucas-Boursier et Thomelin.


Publicité Jolly Mama

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