Avis JDP n°436/16 – EQUIPEMENTS DE BUREAUX – Plaintes fondées

Avis publié le 1 décembre 2016
Plaintes fondées

Le Jury de Déontologie Publicitaire,

  • Après examen des éléments constituant le dossier de plainte,
  • les personnes intéressées ayant été invitées à faire valoir leurs observations,
  • et après en avoir débattu dans les conditions prévues par l’article 12 du règlement intérieur,

rend l’avis suivant :

1. Les plaintes

Le Jury de Déontologie Publicitaire a été saisi, le 8 septembre 2016, de deux plaintes émanant de particuliers, afin qu’il se prononce sur la conformité aux règles déontologiques en vigueur d’une publicité diffusée sur la page Facebook de la marque, en faveur de fauteuils de bureau.

Cette publicité présente une femme en lingerie et portant des chaussures à talons hauts, assise sur un fauteuil de bureau à roulettes. Elle se tient cambrée, les jambes écartées, la tête tournée vers la chaise.

Le texte accompagnant cette image est « Le monde des fauteuils de luxe et le monde de la course ont tous deux le goût des bonnes choses. ».

2. Les arguments échangés

– Les plaignants considèrent que cette publicité est choquante, sexiste et véhicule l’image de la femme objet.

– La société annonceur a été informée, par courrier recommandé avec avis de réception du 5 octobre 2016, des plaintes dont copies lui ont été transmises et des dispositions dont la violation est invoquée.

Elle a été également informée que cette affaire ferait l’objet d’un examen dans le cadre de la procédure simplifiée prévue à l’article 12 du règlement intérieur du Jury.

Elle n’a pas présenté d’observations ni demandé à être entendue lors d’une séance du JDP

3. L’analyse du Jury

Le Jury rappelle que la Recommandation « Image et respect de la personne » (anciennement « Image de la personne humaine ») de l’ARPP dispose en son point 2 que :

« 2-1 La publicité ne doit pas réduire les personnes humaines, et en particulier les femmes, à la fonction d’objet.

2-2 La publicité ne doit pas cautionner l’idée de l’infériorité d’une personne en raison de son sexe, de son origine, de son appartenance à un groupe social, de son orientation ou identité sexuelle ou de tout autre critère de discrimination, notamment en réduisant son rôle et ses responsabilités dans la société.

2-3 La publicité ne peut valoriser, même indirectement, des sentiments ou des comportements d’exclusion, d’intolérance, de sexisme ».

Le Jury relève que la publicité en cause donne à voir une femme en sous-vêtements et talons hauts, cambrée, les jambes écartées avec le slogan suivant : « Le monde des fauteuils de luxe et le monde de la course ont tous deux le goût des bonnes choses. ».

Cette association d’une femme dans une position expressément érotique et d’un slogan mentionnant le « goût des bonnes choses », pour vendre des fauteuils de bureau, réduit le corps des femmes à des objets sexuels. Cette publicité utilise de surcroît le corps des femmes comme faire valoir commercial d’un produit qui n’a aucun rapport avec le corps, renforçant ainsi la présentation dégradée qui en est faite. Enfin, ce visuel lié à une référence au luxe et au « monde de la course » valorise les comportements sexistes et cautionne l’idée de l’infériorité des femmes dans la société.

En conséquence de ce qui précède, le Jury est d’avis que la publicité en cause méconnaît les points 2.1, 2.2 et 2.3 de la Recommandation précitée.

Avis adopté le 4 novembre 2016 par Mme Sophie-Justine Lieber, Vice-Présidente, Mmes Drecq et Moggio et MM. Carlo, Lacan et Leers.