Avis JDP n°418/16 – SPECTACLES VIVANTS – Plainte fondée

Avis publié le 01 août 2016
Plainte fondée

Le Jury de Déontologie Publicitaire,

  • Après examen des éléments constituant le dossier de plainte,
  • les personnes intéressées ayant été invitées à faire valoir leurs observations et à prendre part à la séance,
  • et, après en avoir débattu,

rend l’avis suivant :

1. La plainte

Le Jury de Déontologie Publicitaire a été saisi le 24 mai 2016, d’une plainte de représentants d’une station de radio, afin qu’il se prononce sur la conformité aux règles déontologiques en vigueur de deux publicités, diffusées en affichage, pour un festival de musique qui se tient dans la commune de Moffans-et-Vacheresse.

Ces publicités présentent plusieurs images de femmes dont le visage a été remplacé par une tête de vache.

Dans l’un des visuels, le personnage est allongé sur le ventre, en maillot de bain, la tête appuyée sur ses mains, les jambes relevées. Sa peau est tachetée à la manière du pelage d’une vache.

L’autre visuel montre le personnage se tenant de trois quart, vêtu d’un bustier, un nœud à pois dans les cheveux.

Ces images sont accompagnées des coordonnées du festival.

2. Les arguments échangés

– Le plaignant estime que cette campagne est dégradante pour l’image de la femme.

– Le comité organisateur de la manifestation a été informé par courrier recommandé avec avis de réception du 3 juin 2016 de la plainte dont copie lui a été transmise, et des dispositions dont la violation est invoquée.

Sa représentante a précisé que compte tenu du cadre champêtre du festival, sa mascotte est une vache rockeuse et musicienne et que cette année l’idée a été de la présenter comme une vacancière. Elle précise qu’il n’était pas dans les intentions des organisateurs du festival de porter préjudice à l’image de la femme et qu’ils sont désolés que cette affiche ait pu choquer certaines personnes. Par ailleurs, elle indique que dès réception de la lettre du secrétariat du Jury, la « mascotte » a été supprimée des sites internet et a été remplacée par une autre, dont elle demande validation.

3. L’analyse du Jury

 Le Jury rappelle que la Recommandation « Image de la personne humaine » de l’ARPP dispose  que :

«La publicité ne doit pas être susceptible de heurter la sensibilité, choquer ou même provoquer le public en propageant une image de la personne humaine portant atteinte à sa dignité et à la décence ».

 « D’une façon générale, toute représentation dégradante ou humiliante de la personne humaine, explicite ou implicite, est exclue, notamment au travers de qualificatifs, d’attitudes, de postures, de gestes, de sons, etc., attentatoires à la dignité humaine ».

Elle prévoit également  en son point 2/1 que :

« La publicité ne doit pas réduire la personne humaine, et en particulier la femme, à la fonction d’objet. »

 Le Jury relève que la publicité mise en cause met en scène des personnages féminins à tête de vache, dans des attitudes évoquant les pin-ups des années 1950, pour promouvoir un festival de musiques actuelles. L’un de ces visuels montre également une femme à tête de vache, en maillot de bain, avec un corps tacheté. L’utilisation des têtes de vaches, voire de leur pelage, sur des personnages féminins est d’évidence un clin d’œil au nom du village de Moffans-et-Vacheresses. Mais, ce faisant, les visuels en cause assimilent la femme à une vache, et le corps féminin à celui de l’animal. Dès lors, ils sont de nature à porter atteinte à l’image de la femme.

Dans ces conditions, le Jury est d’avis que la publicité en cause méconnaît les dispositions précitées de la Recommandation « Image de la personne humaine » de l’ARPP. Il ne lui appartient pas, par ailleurs, de délivrer des avis ex ante et le Jury ne peut donc répondre à la demande des organisateurs du festival de validation du dessin par lequel ils entendent remplacer la publicité en cause.

Le présent avis sera publié sur le site internet du Jury de Déontologie Publicitaire.

Avis adopté le vendredi 1er juillet 2016 par Mme Michel-Amsellem, Présidente, Mme Lieber, Vice-Présidente, Mmes Drecq et Moggio, MM. Carlo, Depincé, Lacan et Leers.